
Le Réveil du Volcan
Si son œil palissant semble absent ou éteint
Que de sa gueule ne s’échappe nul soupir
Ne vous méprenez guère quant au sommeil qui l’étreint
Ce monstre languissant, si paisible qu’il paraisse, conspire
Lentement, et silencieusement, l’heure de sa colère
Seraient-ce d’une antique vengeance, les tourments
Une haine, en son sein, secrètement conservée
Qui soudain, réveil l’ardeur de son cœur, et sans jugement
Opprime aussi bien l’ancêtre que l’être tout juste arrivé
Plongeant le jour dans un déluge de poussière
Serait-ce qu’autrefois, un hérésiarque l’eut courroucé
Et depuis lors, par l’instinct du sang, assujetti
Cet animal féroce, dans son primitif orgueil, blessé
Attise avec soin la fureur que l’on croyait anéantie
Invoque d’obscurs démiurges et se prépare à la guerre
Vois-le s’élever tel un vénérable souverain
Au-dessus du palais où de vulgaires roitelets
Avaient un jour eut l’audace de se croient divins
Et qui, en cette heure fatidique, à leur trône attelés
Réalisent que l’homme n’est que sang et chétive chair
Vois, son auguste main gantée d’une noire nuée
Creuser le ciel, dérober de sa face la précieuse lumière
Le doyen même de l’hémicycle, de ses atouts, atténué
Semble s’incliner et dissoudre l’or de sa sphère
Rien ne la retiendra de s’abattre sur la terre
Avec un rugissement qu’aucune bête n’égale
Il déclenche un cataclysme dans l’illustre cité
Avec véhémence, entonne sa symphonie infernale
Et clame, d’une voix à faire frémir toutes les déités
“Tremblez mortels, voici la venue d’une nouvelle ère !”
Qu’il est vain de se cacher, nulle porte ne lui est fermée
Avec la même aisance, il pénètre dans chaque demeure
S’empare des corps, puis les abandonne inanimés
Au lointain, une âme crie toujours : “Pompéi se meurt”
Mais qui reste-t-il pour lui faire écho en ce vaste cimetière
Pourtant, ce cri unique de révolte et de désespoir
Qu’un enfant, perdu au milieu de cette sinistre aurore
Prononça comme pour empêcher le malheur de choir
Dans mon esprit, immortalisé, résonne encore et encore
À jamais fossilisé sur son visage de pierre
El Despertar del Volcán
Si su palideciente ojo parece ausente o apagado
Que de su jeta ningún suspiro escapa
No se engañen con el sueño que lo abraza
Ese lánguido monstruo, que tan apacible luce, conspira
Lenta y silenciosamente, la hora de su cólera
Serían de una antigua venganza, los tormentos
De una ira en su seno, secretamente conservada
Que, de repente, despierta el ardor de su corazón, y sin juicio
Oprime de igual manera al ancestro y al recién nacido
Hundiendo el día en un diluvio de polvo
Sería que en tiempos remotos, lo hubiese embravecido un heresiarca
Y desde entonces, por instinto de la sangre, sujetado
Este animal feroz, herido en su primitivo orgullo
Atiza con paciencia el furor que todos creían olvidado
Invoca oscuros demiurgos y se prepara para la guerra
¡Velo! levantarse cual venerable soberano
Encima del palacio donde vulgares reyes
Tuvieron algún día la osadía de creerse divinos
Y que en esa hora fatídica, a sus tronos aferrados
Advierten que el hombre es solo sangre y enclenque carne
Ve a su augusta mano enguantada con una negra neblina
Cavar el cielo y de su rostro robar la preciosa luz
El mismo decano del hemiciclo, de sus atributos despojado
Pareciera inclinarse y derretir el oro de su esfera
Nada le impedirá derribarse sobre la tierra
Con el rugido que ninguna bestia iguala
Desencadena un cataclismo en la ilustre ciudad
Vehemente, entona su sinfonía infernal
Y con voz capaz de estremecer a los dioses, clama
“¡Temblad mortales, he aquí la venida de una nueva era!”
En vano se esconden, ni una puerta se le cierra
En cada hogar penetra con la misma soltura
De los cuerpos se apodera, luego inanimados los abandona
En la lejanía, un alma todavía grita :”Pompeya se muere”
Pero quién queda para contestarle en este vasto cementerio
Sin embargo, este grito único de rebeldía y desesperanza
Que un niño perdido en medio de esta siniestra aurora
Pronunció para impedir que cayese la desdicha
En mi espíritu, inmortalizado, suena y resuena
Para siempre, fosilizado en su cara de piedra