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à la mémoire de Melissa

en memoria de Melissa

I.

 

 

Ô toi, grand fécondateur de l’univers

Qui, de ta semence nous engendra

Nous autres, créatures éphémères


 

Toi, qui es à l’origine du verbe

Qui façonna la courbure de ce monde

Comme l’on caresse le corps d’une femme


 

Qui d’un baiser incandescent

Embrassa chaque pierre, chaque fleur

Chaque fleuve et leur donna vie


 

Combien de fois ta pensée s’est-elle exercée

À enrichir et perfectionner ton œuvre

À retoucher un monceau de terre

Ou le galbe d’une montagne

 

 

 

II.

 

 

Je t’en prie, dévoile-moi une fois encore

Ces cités d’ambre et d'or

Qu’une luxuriante flore dévore


 

Ces balcons passementés d’une abondante chevelure

Qui déborde et coule en une houle végétale

Le long de barreaux tressé en filigrane

Pour se perdre dans les hauts fonds de l’azur


 

Et ces hautes tours de marbres

Dressées comme un rempart

De parts et d’autres de ta radieuse sphère

Telle une épineuse couronne de lumière

 

 

 

 

 

III.

 

 

Martyr

Toi

L’Immortel


 

Martyr

Toi qui es condamné

À errer d’heure en heure

D’année en année


 

Quel fils n’as-tu pas vu succombé

Par le poignard de l’envie


 

Quel poète n’as-tu pas vu se noyer

Dans les linges d’une nymphe


 

Quelle déesse n’as-tu pas contemplée

Alors qu’elle s’abandonnait au vice


 

Que cherches-tu encore dans ta course effrénée

Serait-ce que de cette immortalité tu t’ennuies

 

 

IV.

 

 

Oui martyr

Car on se lasse d’être puissant

On se lasse d’être l’esclave de son règne

Et la vie est insipide

Le pouvoir désuet

Lorsque de son empire

On connaît tous les secrets


 

Et pourtant je t’envie

Moi pauvre mortelle

Aux lois de ce monde rattachée


 

J’élève mon cri au zénith

Et t’invite a communier

Ces feux qui te consument

 

 

 

 

 

V.

 

 

Ô bien folle je suis

Pour jalouser ton supplice

Mais comprends ma peine


 

Si du haut de ton belvédère

Tu contemples avec dédain

Cette incestueuse misère

Ce massacre quotidien


 

Ce ne sont que tes yeux qui sont blessés


 

De l’essence des êtres

J’ai éprouvé la perfidie


 

J’ai exploré les catacombes

De leurs fiévreuses euphories


 

Et nul

Indemne

Ne s’aventure

Ni ne ressort

De ce viscéral labyrinthe

Où d’abjectes créatures prospèrent

 

 

 

 

 

VI.

 

 

Je t’offre ce corps misérable

Qui est d’argile, d’une maigre chaire

Et ce n’est que pour te complaire

Si je dus de plumes et de cire me travestir


 

Cet accoutrement ridicule

Ne trompe point ton jugement

Je le sais


 

Mais il me permet

D’atteindre l’âtre

Où tu demeures


 

Daigne me recevoir

Dans ton royaume céleste

Daigne partager avec moi ce perchoir

Duquel d’une lumineuse larme tu délestes

 

 

 

 

 

VII.

 

 

Mais déjà prêt de ton sein rapprochée

Je sens la pointe de ta divine lance

Pénétrer mon cœur

Perforer mes sens


 

Oui empereur des cieux

Scinde cet organe profane

Qui seulement pour toi s'émeut


 

Fais de moi ta femme

Fais de moi ta flamme

 

 

 

 

 

VIII.

 

 

Mon amour sera le calice

Duquel tu puiseras le miel

De l’ineffable abondance


 

Mon chant

Un vin jeune et vermeil

Qui entuméfiera ton esprit

D’une plus pure poésie

D’un plus vif éveil


 

Mon corps

Un vaste palais

Où tu viendras te promener

Et la nuit cueillir les fruits

De mes lascives insomnies

 

 

 

 

 

IX.

 

 

Ensemble nous créerons un nouvel Éden

Dans les mers astrales de l’univers


 

Une terre de jouvence

Où d’euphoriques parfums

Pavanerons dans l’atmosphère


 

D’un verbe vierge

Nous lui insufflerons vie


 

Il aura la gloire

Des chantres éternels

Qui depuis l’au-delà

Guident nos pas

Sur le fil affilé du destin

Vacillant au-dessus du vide

I.


 

Ô tu el gran fecundador del universo

Quien de tu semen nos engendraste

Nosotras criaturas efímeras


 

Tu quien eres al origen del verbo

Quien plasmó la curvatura del mundo

Como uno acaricia el cuerpo de una mujer


 

Quien de un incandescente beso

Abrasó cada piedra, cada flor

Cada río para darles vida


 

Cuántas veces tu mente se ejercitó

A enriquecer y perfeccionar tu obra

A retocar un otero de tierra

O la linea de una montaña

II.


 

Te ruego, revelame otra vez

Esas ciudades de ámbar y oro

Que una lujuriante flor devora


 

Esos balcones dentellados de un abundante cabello

Que desborda y se derrame cual vegetal marea

A lo largo de filigranos barrotes de metal

Para perderse en los altos fondos del cielo


 

Esas altas torres de marfil

Erigidas como una muralla

De par en par de tu radiante esfera

Cual espinosa corona de luz

III.


 

Martirio

Tu

El Inmortal


 

Martirio

Tu quien estas condenado

A errar de hora en hora

De año en año


 

Cual héroe no viste fallecer

Por el puñal de la codicia


 

Cual poeta no viste morirse

Por el capricho de una ninfa


 

Cual diosa no contemplaste

Mientras se abandonaba al vicio


 

Que sigues buscando en tu carrera desenfrenada

Sería que de esta inmortalidad te fastidies

IV.


 

Si martirio

Porque uno se cansa de ser poderoso

Uno se cansa de ser el esclavo de su reinado

Y insípido es la vida

Anticuado el poder

Cuando de su reino

Conoce uno todos los secretos


 

Y sin embargo te envidio

Yo pobre mortal

A las leyes del bajo mundo atada


 

Al zenit elevo mi grito

Y te invita a conmigo

Comulgar esos fuegos que te consumen

V.


 

Ô bien loca soy

Por enviar tu suplicio

Pero entienda mi pena


 

Si de lo alto de tu belvedér

Contemplas con desdén

Esa incestuosa miseria

Ese masacre cotidiano


 

Solo son tus ojos lastimados


 

De la esencia de los seres

Sufrí la perfidia


 

Exploré las catacumbas

De sus ansiosas euforias


 

Y nadie

Indemne

Se aventura

Ni sale

De este visceral laberinto

En el cual abyectas criaturas prosperan

VI.


 

Te obsequio este cuerpo miserable

Que es de arcilla de carne delgada

Y no es más que para complacerte

Si tuvo de plumas y cera travestirme


 

Este atavío ridículo

No engaña tu juicio

Lo sé


 

Pero me permite

Alcanzar la morada

Donde resides


 

Dígnese recibirme

En tu reino celeste

Dígnese conmigo compartir esta percha

De la cual de una luminosa lágrima te alivies

VII.

 

 

Pero ya cerca de tu seno

Siento la punta de tu divina espada

Penetrar mi corazón

Perforar mis sentidos


 

Si emperador de los cielos

Escinde este órgano profano

Qui sola para ti se conmueve


 

Haga de mi tu dama

Haga de mi tu llama

VIII.


 

Mi amor será el cáliz

Del cual sacarás la miel

De la inefable abundancia


 

Mi canto

Un vino joven y bermejo

Que entumecerá tu espíritu

Con una más pura poesía

Con un más vivo despertar


 

Mi cuerpo

Un vasto palacio

Donde vendrás a caminar

Y de noche coger los frutos

De mis lascivos insomnios

IX.


 

Crearemos un nuevo Edén

En los mares astrales del universo


 

Una tierra de perpetua juventud

En la cual eufóricos perfumes

Se pavonearan en las atmósfera


 

Con un verbo virgen

Le insuflaremos vida


 

Tendrá la gloria

De los cantantes eternos

Quienes desde los siglos

Guían nuestros pasos

En el hilo afilado del destino

Vacilando encima del vacío

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