
Éveil
Écoute
Toi
Masque d’ivoire
Au nom, par la langue, écorché
Écoute
En le silence de la nuit
Cette voix qui s’éveille
Entre les branchages d’obscures étoiles
Est-ce le vent qui nomme l’orphelin
La terre qui recompte sa progéniture
Et cherche ses disciples
Écoute
Cette vocale sourde provenant du large
Qui s’allonge comme une femme brisée sur la grève
Et dévoile dans la paume de sa main
La flore du désir
Sens
Cet air pur et salé
La fraîcheur raviver tes entrailles
Bouffée folle d’anarchie
Crachat des éléments fougueux qui se chamaillent
Sens
La tension des astres
Courber leur trajectoire sur ton échine
La braise envahir tes artères
Allumer tous les bûchers de la raison
Ouvre le prisme de tes yeux
Et regarde
Luire l’espérance au plus profond de toi
Phare antique sur son roc de solitude
Recueillant dans ses bras de lumière
Les naufragés de la tourmente
Regarde
Cet amas de photons
Se poser sur la souillure des jours
Comme ils embellissent les lèvres des amants
Éveille toujours et encore tes sens
Et une fois emporté par cette danse frénétique
Alors ébranle la machine tiraillée de paresse
Et marche
Loin de cette lande d’asphalte
Loin de cet empire aux fastes mensongers
Ne te retourne pas
Oublie
Fuis
Dès lors
Plus rien ne t’arrêtera
Despertar
Escucha
Tú
Máscara de marfil
Nombre que araña la lengua
Escucha
En el silencio de la noche
Esa voz que despierta
Entre los oscuros ramajes de estrellas
Es el viento que nombra al huérfano
La tierra que recuenta su progenie
Buscando a sus discípulos
Escucha
Esa vocal sorda que viene de altamar
Quebrándose como una mujer en el arenal
Y en la palma de su mano descubre
La flor del deseo
Siente
Aquel aire puro y salado
Avivar la frescura tus entrañas
Loca bocanada de anarquía
Esputo de los elementos impetuosos que se pelean
Siente
La tensión de los astros
Inclinar su trayectoria sobre tu espinazo
La brasa invadir tus arterias
Prender todas las hogueras de la razón
Abre el prisma de tus ojos
Y mira
Relucir la esperanza de lo profundo del ser
Faro antiguo sobre su roca de soledad
Recogiendo en sus brazos luminosos
Los naufragios de la tormenta
Mira
Ese cúmulo de fotones
Desposarse sobre la mugre de los días
Embellecer los labios de los amantes
Despierta una y otra vez tus sentidos
Déjate llevar por esa danza frenética
Alienta la máquina agobiada por tanta pereza
Y anda
Lejos de este páramo de asfalto
Lejos de este imperio de espejismos
No mires atrás
Olvida
Huye
En adelante
Nada habrá deteniéndote