
Insalubre Société
Nous n’avons rien dit
Lorsqu’un poignard d’indifférence
Nous frappa en plein cœur
Et nous avons contemplé la famine
Avec le même œil larmoyant
Que la débâcle des stars du show-biz
La moisissure gagne nos corps
L’inertie atrophie notre esprit
Pour un peu d’amour
Nous abandonnons nos cadavres
À des marchands de mirages
Il n’y a plus de mots
Tous appartiennent aux dictionnaires
Et qui veut parler
Doit payer ces droits d’auteur
Allons place aux démagos
Aux sourires à facettes
Aux pognes pleines de billets
Qui vous fourrent le fion de promesses
Au grand marché de la misère
Il n’y a ni race ni couleur
On brade les prix
Il y aura des pauvres pour tous
Mais est-il vrai ce pain que nous mangeons
N’est-il pas le fruit de notre imagination
N’a-t-il pas un goût ranci comme nos démocraties
Démo-cratie, en voilà un joli mot
Dont on harnache la façade de nos boucheries
Si nous avons la panse bien gonflée
Ce n’est pas d’être heureux et repus
Sinon d’être enceints d’un incommensurable vide
Nous suffoquons au fond de nos cloîtres
Nous cherchons notre air
Ou devrais-je dire «notre Ère»
Allons enfants de l’Europatrie
Entendez-vous ce chant de gloire
Qui tonne dans les hauts-parleurs
C’est la finance qui chante la Marseillaise
Et si dans les rues nous élevons un cri de protestation
Ce n’est que la révolution elle-même qui gémit
Car elle se trouve bien nue
D’être ainsi traînée sur le trottoir
Comme une vulgaire catin
«Révolution
Faites un tour sur vous-mêmes
La réponse est de l’autre côté»
Ah, il faut voir comme ils paradent
Ces enfants de l’embrigadement
Avec leurs gueules de bulldog
L’orgueil sous un masque mortuaire
Au nom de quelles grandes valeurs
La violence fait-elle État de droit
Lorsqu’un gouvernement scande ses lois
À coups de bottes et de matraques
Le peuple doit-il se plier à la cadence
Bon sang, ne sommes-nous pas libres
Oui
Libres de ne plus penser
Libres de ne plus ressentir
Libres de ne plus manifester
Libres de ne plus nous réunir
Libres de ne plus exprimer
Libres de ne plus aimer
Une liberté au conditionnel passé
Un habit qui colle au corps famélique
Une camisole de force pour nos émois
J'écume un torrent d’espoir
Qui s’écoulera bientôt
Dans le caniveau des idéaux
Car si nous ne nous éveillons pas aujourd’hui
Nous pourrons encore dormir
Cent ans, mille ans, cent mille ans
D’un sommeil bien mérité
Seulement molesté
Par le piaillement de quelques philosophes
Qu’on aura tôt fait d’étouffer
La beauté est dans le sourire des enfants
Dans l’éclat ardent de leur folie
Dans ces yeux qui rêvent d’espace
Et d’un coup de pied innocent
Font chavirer la morale cathodique
Dans la paume de leurs mains
Ils tournent le poème des beaux jours
Un poème d’argile
Qui se fait baleine pour explorer les océans
Oiseau pour s’évader de toutes les prisons
Lion pour rugir de lumière
Insalubre Sociedad
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