top of page
Nous étions encore quelques uns

Nous étions encore quelques-uns

À croire en la poésie

Oh, bien peu pour sûr

Mais néanmoins rebelles

À l’insensibilité de notre temps


 

Corsaires des temps modernes

Nous abordions les galions du snobisme contemporain

Un vers aiguisé entre les dents

Une balafre d’amour au cœur


 

Nous fantasmions au passé

Un futur trop peu certain

La poudre au visage

Une larme dorée

Au coin de la bouche


 

Que je les aimais

Ces enfants devins

Avec leurs gueules d’Apaches

Qui étaient mes frères d’armes


 

La ride de la vie cernait le visage de leurs livres

Une vieillesse de ne pas avoir assez dormi

De bien manger, bien rire, bien boire

D’y goûter et d’en être ivre

De ce trésor de vivre


 

- - -


Mais les voilà partis

La rose en bouche

Rangé au fond d’un cimetière

Ou dans un petit meublé


 

Avec une ribambelle de marmots gueulards

Un temps-plein de misère

Et le blues délavé des printemps


 

Leurs utopies, leurs grands discours

Vendus avec leur baluchon de vagabond

Vendus avec leur fierté


 

Non, je ne les reconnais plus

Leur jeunesse a fané

Et ne reste que le souvenir

D’un baiser sec emprunt sur leurs lèvres


 

Et moi, sans trop d’explication

Je me suis retrouvé placardé

Au mur des égarés

Trois kopecks en poche

Et mes brouillons pour sécher mes souliers


 

Nous étions encore quelques-uns

À croire en la poésie

Oh, trop peu pour sûr

...

bottom of page