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Saudade

Nous nous retrouverons à la pointe du continent

Baignés d’effluves mirandaises ou andalouses

Là où l’Europe trempe ses petons

Dans l’écuelle de la belle Afrique


 

Nous serons peut-être un peu différents

Plus tout à fait celle ou celui

Que nous avions connu.e


 

Mais quel que soit le chemin que nous prendrons

L’amour qui résistera

Nous serons deux et plus encore

À nous accompagner

À nous soutenir

À puiser en chacun de nous

Les mots graines pour grandir


 

Avant que tu ne partes

J’aimerais te parler en toutes langues

Trouver les idiomes sauvages

À l’image de l’animal nu en moi


 

J’aimerais te parler de cette ménagerie grouillante

Du tressaillement de ces êtres électriques

De leur farandole affolée de lucioles


 

Tu m’as dit que tu partais

C’était demain

Déjà hier


 

Lèvres de peine en peine effleurées

La vibration sur les récifs de nos corps

Encore bourgeonnante

Presque au point d’éclore


 

Ne reste-il donc aujourd’hui

Comme un doute

Un songe

Une lueur qui luit

Seulement ce mot


 

Saudade


 

Cette douce mélancolie

Emprunte de nos printemps


 

Et si je pleure

C’est de te savoir heureuse

Sous un autre soleil

C’est d’entendre ton rire

Par-delà la distance


 

C’est de te savoir si libre

Franchissant les frontières

Sans rien pour te retenir


 

Si pleine de toi-même

Au diapason de tes désirs

À fleur de fantasmes


 

Si je pleure

C’est de joie

Et pour t’offrir dans une larme

Tout l’amour en moi

...

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